PRESSE




La rencontre entre Emmanuelle Jouët et Serge Sandor semble faire des petits. L'écrivain et le réalisateur vont poursuivre l'aventure, ce soir au cinéma Le Vauban, à Avallon, lors de la projection de la captation de la pièce de théâtre L'affaire des Vermiraux, qui raconte la révolte d'enfants maltraités, au début du XXe siècle, près de Quarré-les-Tombes.
L'histoire des Vermiraux ne finira donc jamais ?
(Rires) Il faut croire ! Mais c'est vrai qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer. Ma volonté est de faire perdurer cette ambiance. Poursuivre le travail avec cette équipe.
L'actualité, c'est la projection de la captation. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
On va proposer un retour dans les coulisses de la pièce. On a pu filmer les différentes scènes, comme celles du marché couvert, du tribunal ou du journaliste. C'est tout cela à la fois et des surprises qu'on a voulu partager avec le public. Ça promet d'être un grand moment. Mais le rendez-vous s'adresse aussi à ceux qui n'ont pas pu voir la pièce. Et pour les acteurs, c'est comme un cadeau.
Ce sera la véritable dernière ?
Disons plutôt que c'est un bouquet final. L'intérêt tient au fait que les participants à la pièce vont pouvoir se voir pour la première fois. Il faut le voir comme une récompense. Mais aussi l'aboutissement d'un long travail qui a représenté tout de même quinze jours de montage.
À titre personnel, est-ce votre dernière venue dans la région ?
Oh non, pas du tout ! Je vais continuer les ateliers de théâtre l'an prochain. Une fois par semaine, je serai dans la région. Mon envie est de poursuivre dans cette voie, et si possible, avec les mêmes personnes.
Il est donc possible d'espérer une suite à la pièce sur les Enfants des Vermiraux ?
Oui, c'est mon souhait. Avec la captation, nous passons déjà un cap. L'idée est d'aller progressivement vers le cinéma, les courts-métrages.
À force d'exploiter le même sujet, n'avez-vous pas peur de lasser ?
Non, c'est quelque chose qui a parlé aux gens. D'abord parce que c'est une histoire universelle. Les violences sur les mineurs, malheureusement, cela peut encore arriver de nos jours.
Sous quelle forme comptez-vous lui donner une seconde vie ?
Plutôt dans le court-métrage. Je veux écrire une suite, mais sans faire la même chose. Cette fois, on se situera davantage dans le réalisme. Ça ne se fera pas tout de suite, car j'ai envie de prendre le temps pour que le résultat final soit le mieux réussi possible. Le fil conducteur consiste à aller plus en profondeur de ce fait divers.
Entre l'Avallonnais et vous, c'est donc devenu une véritable histoire d'amour...
Oui. Et d'ailleurs, pour aller au bout des choses, je n'exclus pas, pour les besoins du court-métrage, de m'y installer.
Continuerez-vous à travailler avec des populations défavorisées ?
Oui, après avoir fait jouer des prisonniers, des malades psychiatriques, j'ai maintenant envie de me tourner vers les gens du voyage qui sont à Auxerre. Je suis persuadé que c'est un milieu qui s'intéresse à notre société. Et si le théâtre doit avoir une vocation, c'est bien celle-ci : tendre la main aux populations oubliées.
Ronan Le Goaster
avallon.yr@centrefrance.com


28 juillet 2011

Parenthèse de liberté en prison


C'était autant une envie qu'une promesse. Début juillet, à Avallon, on avait pris de plein fouet le moment de grâce de cette échappée théâtrale qui mêlait une troupe d'amateurs à cinq détenus et à une poignée d'adolescents issus des foyers socio-éducatifs de la région (lire ci-dessous).
Les détenus jouaient les juges et les avocats, les amateurs incarnaient les accusés et la directrice adjointe de la prison avait un sourire lumineux.
Une parenthèse de liberté due à la volonté d'un metteur en scène, Serge Sàndor - habitué au travail théâtral en milieu fermé - avec le soutien de l'administration pénitentiaire qui avait accepté de monter ce premier atelier carcéral mixte au  centre de détention de Joux-la-Ville (Yonne).
On les avait retrouvés pour leur dernière représentation publique, dans un village voisin d'Avallon. Et parce que personne n'avait envie que cela s'arrête pour de bon, le projet de jouer la pièce en prison s'était imposé.
Mercredi 27 juillet, Nasira, Rachida, Marie-Christine et Imad ont revêtu une dernière fois leurs costumes d'avocats, de greffière et de président. François a repris  sa casquette de journaliste harangueur.  Le décor avait été aménagé avec les moyens du bord dans une petite salle éclairée aux néons blancs et meublée de chaises en plastique: une table recouverte de tissu rouge pour le bureau du président du tribunal, un pupitre et une machine à écrire pour la greffière, une barre pour les témoins.  Les acteurs mineurs auxquels l'accès en détention est interdit, ont été remplacés au pied-levé par des membres de l'administration pénitentiaire.
Une première représentation a eu lieu devant les détenus hommes, une seconde devant les femmes. Le public s'est amusé, lorsque, très solennellement, le metteur en scène Serge Sàndor leur a demandé à l'ouverture du spectacle de "bien vouloir éteindre [leurs] portables" ou quand l'un des acteurs détenus leur a lancé: "Vous allez être obligés d'applaudir un procureur!". Ovation debout.
Et la parenthèse, comme de juste, s'est refermée.



jeudi 28 juillet 2011 - 06:32
 Vermiraux : la prison entre en scène

 
Séquence émotion, hier après-midi, au centre de détention de Joux-la-Ville. Cinq détenus ont joué « leur » pièce devant les personnes qui partagent, habituellement,leur quotidien.
Ronan Le Goaster Ce n'était pas forcément prévu au programme de la troupe qui a joué la pièce de théâtre retraçant l'histoire des Enfants des vermiraux. Cette ultime représentation au sein même des locaux du centre de détention de Joux-la-Ville a apporté son lot d'applaudissements, de rires et de larmes. Il est 14 h 30, ce mercredi, quand les acteurs amateurs - dont cinq pensionnaires du centre de détention - pénètrent dans cette petite salle, habituellement dédiée à la formation. L'émotion est palpable pour les comédiens, comme pour Serge Sandor, le metteur en scène. « C'était très particulier » Après coup, ce détenu d'une cinquantaine d'années jouant le rôle du journaliste de L'Éclair a fait part de ses doutes légitimes. « C'est sûr que c'était très particulier. Rien à voir avec les représentations à Avallon ou à Quarré-les-Tombes. On ne savait pas comment les détenus allaient réagir, s'ils allaient être réceptifs à l'histoire. » Gabriel Latouche, le fameux journaliste, dont le rôle est l'un des plus importants de la pièce, n'a pu qu'être rassuré devant les applaudissements fournis, accompagnés de francs et sincères « bravo ». Que ce soit au niveau des détenus hommes ou des femmes - deux représentations de 40 minutes ont été programmées - les deux publics sont tombés sous le charme, comme en témoigne la standing ovation dont le public n'a pas manqué de gratifier les acteurs. Le metteur en scène avait pris soin de réadapter la pièce afin qu'elle soit la plus compréhensible possible. En effet, seule la scène du tribunal a été jouée, hier après-midi, occultant ainsi la première partie. C'est alors le détenu-acteur-journaliste qui s'est chargé du reste. C'est lui qui a présenté habilement les faits, et lui qui a terminé sur le verdict. Important surtout pour les détenus Mais surtout, c'est le détenu qui a écrit lui-même ses textes. « C'était une façon de s'évader du quotidien. Et j'ai aussi essayé de glisser quelques notes de morale, voire même de l'utopie, car cette histoire, elle pourrait encore arriver de nos jours. » À quelques pas de lui, il y a Landrin, l'un des accusés du procès. Au quotidien, il est, lui, en dehors du système carcéral. Cette représentation, il l'a vécue de manière différente. « C'était plus fort à Quarré-les-Tombes par rapport à l'histoire, mais aujourd'hui, c'était important, notamment pour les détenus. » Tous, qu'ils soient incarcérés ou non, retiendront de ces six représentations « une aventure humaine ». Et parfois, cela a été difficile. « Quand j'allais répéter à l'extérieur, que nous étions bien tous ensemble, mais qu'il fallait rentrer à la prison, ce n'était pas toujours évident », confie le journaliste d'un jour. Il est rejoint, en ce sens, par Landrin : « Nous, on rentrait libres, eux, non. Ca n'a pas dû être facile. »


Écrit par GensduMorvan
Lundi, 27 Juin 2011 15:07
Affiche Les Enfants des VermirauxCent ans après la révolte des enfants de l'Assistance Publique de la Maison des Vermiraux à Quarré-les-Tombes qui conduisit, le 18 juillet 1911, au premier procès en France où des adultes furent condamnés à de la prison ferme pour maltraitance, le metteur en scène Serge Sandor a entrainé des dizaines de Morvandiaux dans une création théâtrale: « Les Enfants des Vermiraux » qui sera donnée les 30 juin (générale),1er, 2, 3 et 4 juillet à Avallon et le 6 juillet Quarré-les-Tombes.
 
S'inspirant des recherches menées durant dix ans dans les archives et auprès de la population locale par Emmanuelle Jouët, chercheuse et Docteur en sciences de l'Éducation qui a réveillé l'Affaire et analysé « l'économie des secrets » conduisant à la dérive de l'Institution au départ idéaliste vers la mise en place d'un système Emmanuelle Jouet signera son livre « La révolte des enfants des Vermiraux » (éditions de l'Oeil d'or) samedi 2 juillet à 11h à la librairie Voillot à Avallond'exploitation brutal des enfants, Serge Sandor a construit un projet artistique partagé avec les habitants de ce territoire imprégné par la vie des dizaines de milliers d'enfants qui y furent transplantés et bien souvent y prirent racine.
Une formidable aventure humaine
Serge Sandor (au centre) et son assistante Laurence Despezelle-Pérardel (à gauche) pendant une répétition au Tribunal d'Avallon le 2 mai 2011   











Plus qu'une simple représentation théâtrale, « Les Enfants des Vermiraux » apparaît donc d'abord comme une formidable aventure humaine orchestrée depuis trois ans par un metteur en scène qui a su, fort d'une expérience de créations collectives conduites un peu partout dans le monde (souvent avec des hommes, femmes et enfants en détresse et marginalisés) servie par des qualités de coeur et d'écoute, fédérer dans un même mouvement des habitants d'âges et d'origines sociales éloignés qui, sans ce projet, se seraient peut-être à jamais ignorés: jeunes écoliers et collégiens d'Avallon (Collège Clavel), jeunes de  l'Etablissement de placement éducatif (PJJ) et du foyer « La Maison » à Auxerre, comédiens amateurs de L'Ecole des Planches de Max Ornetti à Avallon, détenus du centre de détention de Joux la Ville (cinq d'entre eux jouent les magistrats: le procureur, le président, les avocats, la greffière !). La chorale de Quarré les Tombes et les musiciens de la Maison du Patrimoine Oral participent également au spectacle.

Un très beau spectacle
Répétition au Tribunal d'Avallon le 2 mai 2011Cependant, si « Les Enfants des Vermiraux » constitue une aventure humaine exceptionnelle par le sujet traité et pour les acteurs engagés, Serge Sandor et son assistante Laurence Despezelle-Pérardel ne perdent jamais de vue l'objectif final: un spectacle dont la force sera à la mesure de l'émotion qu'il provoquera au public.
«Nous ne faisons pas du social, nous faisons du théâtre, l'art est accessible et ouvert à tous et vous verrez ce sera un très beau spectacle» commente Serge Sandor à l'issue d'une répétition dans la salle austère aux murs épais percés de minuscules fenêtres de l'ancien tribunal d'Avallon où se déroula il y a un siècle le procès des notables corrompus du système Vermiraux et où, ce soir, avant de filer à Quarré-les-Tombes où l'attendent les choristes pour lui présenter sa chanson mise en musique par Christian Cravero, il a dirigé en douceur Henri l'agriculteur retraité, Fanny la kinésithérapeute, Annie, Antoine, Gaëtan et Marie-Dominique vers l'excellence dont il les sait capables.

Du Marché couvert au Tribunal« Les Enfants des Vermiraux » se jouera en trois actes. Dans sa version avalonnaise, le premier mettra en scène au Marché couvert la vie aux Vermiraux soumis à la sinistre emprise de sa directrice, le dernier, le procès, se rejouera dans la même froide salle du Tribunal où il se déroula il y a un siècle. Entre les deux, les quatre-vingt personnages de cette fresque sociale jouée, chantée et dansée, fidèle à la vérité historique magnifiée par l' écriture et la mise en scène de Serge Sandor, auront remonté la rue principale en musique et comme dans les grands procès, les spectateurs qui n'auront pas trouvé place sur les bancs de la salle d'audience pourront suivre dehors les débats dans une sorte de « retransmission spectacle de rue ».
Hommage à ces enfants qui, en Morvan il y a un siècle, ont dû se révolter pour être entendus « Les Enfants des Vermiraux » nous parle de tous ceux qui, partout et à toutes époques ont été et sont, encore aujourd'ui, 
victimes de maltraitance.

LES ENFANTS DES VERMIRAUX  Marché couvert d’Avallon

Création théâtrale de Serge Sandor, à partir d’extraits de La révolte des enfants de Vermiraux d’Emmanuelle Jouë et Marie-Laure Las Vergnas.

7fl92731.jpgSerge Sandor auteur-metteur en scène prolixe et généreux, a toujours emprunté des voies et aussi des voix singulières (voir Cassandre n° 86 p. 58). Il a séjourné  plusieurs mois dans le Morvan pour mettre en scène l’effrayante histoire de la révolte des enfants de Vermiraux, une maison d’enfants de Quarré-les-tombes, à proximité d’Avalllon, fondée en 1882 par l’Institut sanitaire de l’Yonne pour “le redressement intellectuel des anormaux, nerveux arriérés et rachitiques” établissement privé depuis 1905 qui se doit faire des bénéfices. La direction de cet institut rogne sur le nourriture, les vêtements des enfants qui sont battus, violés, volés, qui se suicident, s’évadent et finissent par se révolter. Le 22 juillet 1911, le tribunal d’Avallon rend un jugement historique en condamnant à de la prison ferme les gérants de cet institut… qui n'en feront pas beaucoup ou pas du tout. Serge Sandor s’est emparé de ce drame, et en a fait une chronique vivante avec plus de 70 enfants, six détenus de la prison de Joux-la-ville, ainsi que la chorale de Quarré -les-tombes et des musiciens morvandiaux7fl9238.jpgLa première partie ( au marché couvert) montre des enfants muets en galoches et blouse, et  les responsables de la maison en train de s’empiffrer en recevant une dame pincée venue de Paris, les enfants de l’école de danse en tutus dans un petit ballet et la chorale locale, sous l’oeil d’un journaliste qui chronique les faits avec l'aide  de  sa femme qui l’appelle sans cesse à partager le repas qu’elle a préparé.
Nous partons en procession à travers les belles rues de cette ville ancienne, derrière un attelage de chevaux, jusqu’au tribunal récemment fermé par Rachida Dati. Une partie de la foule y pénètre pour assister à la reconstitution du procès, pendant qu’un acteur  nous relate ce qui se passe à l’intérieur. Nous pénétrons à notre tour dans le tribunal pour assister aux minutes du procès.
Les dirigeants de l’institution se défendent avec une morgue ignoble, leur avocate plaide le mensonge, les enfants présents sont sans voix. Il y a une véritable théâtralité dans ce procès insolite, d’autant plus grande quand on apprend que le personnel judiciaire, du magistrat aux avocats, est interprété avec une belle présence par des détenus de la prison.

Edith Rappoport
http://vermiraux.blogspot.com/p/le-spectacle.html



http://www.ventsdumorvan.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1763:les-vermiraux-theatre-dun-proces&catid=13:blogvdm&Itemid=49


Contact presse: Nicole Czarniak. 06.80.18.22.75

ENTRETIENS RADIOPHONIQUES:


http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Au-coeur-de-l-histoire/Sons/Les-enfants-revoltes-de-Vermiraux-725737/ 


http://bourgogne.france3.fr/info/avallon-89--les-enfants-des-vermiraux--69504880.html




radio Bleu Auxerre:
 http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?nr=1c52c0680e277faf8a630cb36059b22a